L’huile d’or
Le domaine géographique de l’arganier est très limité, il pousse entre la côte de l’Atlantique et les pentes du flanc méridional du Haut Atlas marocain jusqu’à plus de 1300m. L’Arganier est l’arbre emblématique de cette seule région. Il couvre une superficie de 823 000 ha et pousse en zones arides où il peut se mettre en état d’hibernation en cas de manque d’eau jusqu’à 7 ans. A la première goutte d’eau il renait de ses cendres, phénix de la nature.
Cette essence constitue une réserve mondiale au Maroc où elle joue un rôle socio-économique et environnemental très important. Chaque partie constitue une ressource essentielle pour son usager et sa terre. Grâce à son système de racines puissant, l’Arganier maintient les sols, entretient leur fertilité et les protège contre l’érosion hydrique et éolienne.
L’arganeraie offre sa protection, le pâturage et assure la subsistance de quelques 3 millions de ruraux. Elle permet ainsi de stabiliser les populations des campagnes et donc de limiter le phénomène de l’exode rural. Son bois est utilisé pour le feu et la menuiserie, ses feuilles et la pulpe pour le fourrage, son fruit pour l’huile, et le résidu d’extraction de l’huile est utilisé comme complément énergétique pour les animaux. Arbre gardien de l’équilibre.
L’huile d’argan extraite de l’amande est non seulement alimentaire et diététique mais également très utilisée en médecine traditionnelle pour ses substances bienfaisantes. Extraite à la main par les femmes quand les fruits sont mûrs, au début de l’été, ils sont soigneusement débarrassés de leur pulpe. Les noyaux sont cassés à l’aide de pierres, puis les amandes sont mises à sécher dans des vases de terre.
Pour l’huile alimentaire, les amandes sont ensuite torréfiées dans des plats en terre chauffés sur un feu doux. Son goût en sera accentué. Les amandes grillées sont refroidies et moulues dans un moulin à bras traditionnel. L’étape de torréfaction de l’amande n’est pas réalisée en cas d’huile cosmétique pour préserver sa teneur riche en vitamine A et E, recherchées pour une huile de soin. La pâte obtenue est de couleur brune, elle est malaxée manuellement avec de l’eau tiède pendant deux heures. Pour en extraire l’huile d’or, on presse la pâte avec les mains jusqu’à ce qu’elle devienne dure. L’huile ainsi obtenue est abandonnée au repos. Huit heures de travail est nécessaire pour extraire un litre d’huile aux reflets ambrés. Les sourires illuminent les yeux de ces femmes aux mains enduites d’huile, dont l’ultime geste de remerciement sera de se frotter le visage.
Rédaction Sylvie Brignon